A l'occasion des Rencontres du Conseil 2019, des étudiants ont pu se mettre dans la peau de scénaristes de série TV pour présenter leur démarche de consulting destinée à une compagnie aérienne en grande difficulté. Avec l’aide de consultants expérimentés, ils ont démontré par cet exercice qu’ils possédaient déjà une partie des réflexes professionnels indispensables à leurs futures missions.

« Il est important de faire découvrir la variété des métiers du Conseil en Stratégie et Management, et nous allons le faire avec une série télévisée. 40 00 personnes en France accompagnent la croissance et la transformation des entreprises. Ces professionnels avertis doivent comprendre le métier du client, leur apporter de la valeur ajoutée, réinventer le modèle économique et social de l’organisation, en innovant et en étant aux avant-postes. Le conseil, c’est du savoir-faire, du savoir-être, de l’intelligence collective. Pour les consultants, c’est la promesse d’intégrer une fonction accélératrice de compétences. Un métier qui s’appuie sur la proximité, l’écoute et la curiosité. » C’est ainsi que le « producteur » de la série a présenté son idée dans une vidéo d’introduction : réaliser une série grand public sur le monde du conseil, centrée sur le sauvetage d’une compagnie, l’Épervier bleu. En s’appuyant sur les informations à leur disposition pour proposer une dramaturgie pertinente, les étudiants « scénaristes » se sont partagé les missions : stratégie, transformation du modèle économique, compétences people et organisation, marketing et expérience client.

Une bonne compréhension des enjeux, et beaucoup d’imagination

Avec le concours de consultants expérimentés, trois équipes ont donc planché sur la demande. « Cet exercice immersif permet à ces futurs professionnels d’expérimenter in situ, en étant en première ligne", estime l’une des « coachs », Karine Lonchampt, responsable expertise « Organisations et Transformations » de BPI group. "Le monde du conseil privilégie souvent une approche très séquencée de l’évolution professionnelle et des responsabilités, du consultant junior à l’associé. Je trouve très formateur de leur donner les commandes d’une mission, l’occasion de faire preuve de bon sens à défaut d’expérience. » Les restitutions des trois équipes confirment en effet une bonne compréhension des enjeux, et beaucoup d’innovation pour y répondre.

La première a imaginé qu’il fallait une personnalité forte et atypique pour manifester l’importance du changement à apporter. Une femme au caractère bien trempé, dirigeante expérimentée mais sans expérience du transport aérien, a donc été nommée à la tête de la compagnie. L’objectif ? Ouvrir une nouvelle page de l’aventure collective en prenant un risque, comme le nécessite tout changement de paradigme organisationnel. Le consultant vient dans ce cas de figure en en allié de sa démarche. La deuxième équipe a imaginé un personnel angoissé par l’arrivée d’un repreneur. Pour démontrer sa détermination à les embarquer dans sa nouvelle stratégie, il met en œuvre quelques gestes symboliques forts sur les conseils de son consultant : casser réellement les murs de l’entreprise pour décloisonner, et emmener tous les collaborateurs dans une séance de team building dans un des avions de la compagnie.

L’important du prisme humain

La dernière équipe, en charge de l’expérience client, a mis une consultante junior dans la peau d’une voyageuse : elle a ainsi constaté l’ensemble des dysfonctionnements, depuis la réservation du billet jusqu’au voyage lui-même. Sur la base d’ateliers collaboratifs impliquant les parties prenantes de la compagnie – fournisseurs et clients –, elle a aidé la direction à corriger le tir, avant de proposer une communication en réalité virtuelle pour faire découvrir la nouvelle promesse de la compagnie.
Si le cas était fictif, les propositions des étudiants ont étonné leurs coachs par leur caractère innovant, tout en respectant les fondamentaux du métier. Une posture essentielle pour accompagner aujourd’hui les entreprises dans leurs enjeux de transformation. Pour Karine Lonchampt, « il est essentiel de les aborder par le prisme humain : comment développer l’agilité de l’organisation et l’employabilité interne, en ajustant les compétences à l’évolution des objectifs business ? Je suis convaincue que la performance de l’entreprise est d’abord la performance des hommes. » Pour cette experte, le métier de consultant s’appuie sur ces fondamentaux mais doit prendre en compte une nouvelle donne : la masse croissante d’informations à traiter et analyser.

Un travail d’équilibriste, entre spécificités et prise de hauteur

Paul Mazloum, pour sa part, identifie un changement de posture lié à l’accélération des transformations organisationnelles. D’après le directeur marketing et communication de Bearing Point, « le consultant doit trouver un équilibre entre d’un côté une approche très spécialisée, sectorielle, basée sur un benchmark de l’environnement concurrentiel, pour des réponses précises et argumentées ; et de l’autre, un besoin de prendre de la hauteur, de s’ouvrir à d’autres approches, pour sortir d’un cadre trop restrictif. Les deux approches sont complémentaires. » Un autre « coach » a livré ses impressions sur l’évolution du métier de consultant : Johan Benilsi, Président de Advents Consulting, note « la place de plus en plus importante des technologies, de type intelligence artificielle ou réalité augmentée, pour apporter plus de valeur aux missions. Dans le même temps, on remarque aussi un centrage plus fort sur le capital humain de l’entreprise dans la conduite du changement. » Un autre élément lui paraît être une évolution intéressante : un recrutement plus ouvert et diversifié des consultants, dont certains viennent du design ou de la communication". Pour Johan Benilsi, « cette ouverture apporte une vraie richesse au métier de consultant ».

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