Les métiers de l’ingénierie vus par des pros du secteur

Durée 5 minutes

Les ingénieurs en France dépassent le million. Ils travaillent dans un grand nombre de secteurs d’activité et dans un éventail d’entreprises et d’organismes très différents. Leur quotidien est varié et leur rythme de travail généralement soutenu. Témoignages.

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Anne-Marie W. gère un bureau d’études spécialisé dans la conception de bâtiments à haute performance environnementale, à Cergy, en région parisienne. Elle assure également un enseignement en éco-construction à l’université de Cergy-Pontoise. Ingénieure depuis plus de quinze ans, Anne-Marie est, à l’origine, une passionnée de chimie. Après un IUT dans cette matière, elle obtient une licence, également en chimie. Mais là, hésitation sur sa vocation profonde. Bilan de compétences, tests, Anne-Marie montre un profil de matheuse. Ingénieure en génie civil ? Mécanique des fluides ? À priori, cela ne la passionne pas. Anne-Marie bifurque quand même dans cette direction et obtient un master 2 en ingénierie de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables à l’université de La Rochelle. « Je ne regrette pas », sourit-elle aujourd’hui en regardant le chemin parcouru.

David G. dirige l’entreprise de maîtrise d’œuvre spécialisée dans le secteur ferroviaire qu’il a créée, en région Aquitaine. Après un IUT de génie civil, David s’oriente vers un cursus par alternance, avec l’école CESI-Paris, pour devenir ingénieur. Son premier métier est conducteur de travaux dans le BTP où il développe son goût des responsabilités. Il travaille ensuite pendant quatorze ans à la SNCF, de quoi acquérir de solides bases dans l’univers du rail. Il opte finalement pour l’aventure entrepreneuriale. « C’est passionnant, on vit des semaines intenses que l’on ne voit pas passer, mais cela reste humain et convivial », apprécie David.

Ingénieur : un métier ouvert, loin des clichés

Rien n’est impossible, à condition de s’accrocher, témoignent ces deux professionnels confirmés. Le métier d’ingénieur est bien plus ouvert que certains préjugés ne le laissent parfois penser.

Non, ce n’est pas un métier réservé aux premiers de la classe. « Même si au départ on n’est pas scolaire, le bâtiment est un domaine où l’on peut grimper les échelons quand on est bosseur et que l’on en veut », assure Anne-Marie. Non, les ingénieurs ne passent pas leur vie derrière un écran : « Quand un jeune ingénieur entre dans le ferroviaire, il va participer à des projets qu’il ne verra pas ailleurs, des projets parfois immenses, avec un engagement très fort et quelquefois des dizaines d’heures de travail d’affilée. Autour d’un projet, il aura la possibilité d’échanger avec des gens très différents, de l’ouvrier au directeur ».

Non, les métiers de l’ingénierie ne sont pas la chasse gardée des hommes : « Il y a de la bienveillance. Nous, les femmes, sommes bien accueillies. Au début, je redoutais de me retrouver dans un univers d’homme. En fait, j’ai adoré », témoigne Anne-Marie. D’ailleurs, selon la 28e enquête des Ingénieurs et scientifiques de France (IESF)*, « la population des ingénieurs dépasse le million, elle croît d’environ 4% par an et continue à se féminiser. La part des femmes dans les jeunes générations d’ingénieurs a fortement progressé dans l’agriculture, les industries (hors celles du transport et des machines armement), l’eau, le gaz, l’électricité ainsi que dans les BTP et les sociétés de services ».

Un rythme de travail diversifié mais soutenu

Autant de secteurs d’activité ou d’entreprises, autant d’expériences différentes au quotidien.

La semaine type de David est celle d’un créateur d’entreprise qui gère à la fois la partie opérationnelle, mais aussi la partie administrative et le management de son équipe de cinq collaborateurs. Le lundi matin est consacré à des réunions où l’on aborde les questions de gestion, d’exploitation, de développement et de planification. Dès le lundi après-midi jusqu’au jeudi soir, David reprend sa casquette d’ingénieur de production, tout en gardant un contact pluri-quotidien avec son équipe. Le vendredi est consacré au bouclage de la semaine sur tous les dossiers en cours. Une fois par mois, un déjeuner d’équipe contribue à maintenir la convivialité, valeur importante aux yeux de David.

Anne-Marie se partage également entre production et tâches de gestion. « Nous touchons à beaucoup de chantiers différents, du neuf et de la rénovation, de l’audit énergétique, du permis de construire, de la conception, de l’installation avec une part importante de calcul thermique ou de circulation des fluides. J’aime tous ces différents aspects, mais un peu moins la partie administrative », confie-t-elle. Son rythme de travail est dicté par l’avancement des dossiers avec des livrables à rendre à échéances fixes. Cependant, bien souvent, de petits projets s’intercalent dans l’urgence : « Quand les dates de rendus approchent, la tension monte fortement et les 35 heures n’existent plus. Cela se passe dans la bonne humeur, mais on bosse ! ».

Les ingénieurs s’impliquent dans les évolutions environnementales et sociétales

De nombreux ingénieurs se montrent très concernés par les questions liées à l’environnement et à la société. Dans ses recommandations, Anne-Marie cherche toujours à proposer la meilleure solution du point de vue thermique et énergétique. « Il y a aussi une dimension pédagogique, souligne-t-elle, il faut toujours expliquer à ses clients le pourquoi des choix proposés, leur démontrer qu’ils pourront communiquer sur leur bâtiment économe auprès de leurs propres clients ». Pour David, le ferroviaire fait déjà en soi partie de la solution « Nous travaillons pour le moyen de transport avec le meilleur bilan carbone. Même au niveau d’une petite structure comme la nôtre on peut agir : par exemple nous suivons une démarche zéro papier. Nous nous impliquons aussi dans le sponsoring d’une jeune espoir du kitefoil français : Héloïse Pégourier, médaillée de bronze aux Championnats du Monde espoir ».

Pour s’épanouir dans un métier de l’ingénierie, quelles qualités développer ? Pour David, il faut « faire preuve d’adaptabilité, d’autonomie et de rigueur. Il est important aussi d’apprendre à travailler en équipe ».  Pour Anne-Marie, il faut « être curieux et être prêt à laisser de côté ses préjugés, ne pas avoir peur de bifurquer si l’on pense s’être trompé d’orientation. Il n’est jamais trop tard pour changer de direction : on trouve sa voie petit à petit et on n’a pas raté sa vie parce que l’on s’est trompé une fois. »

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