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Les biais cognitifs dans l'orientation... et comment y remédier !

Durée 10 – 15 minutes

En matière d'orientation, nous sommes tous soumis à des biais cognitifs dont il est important de prendre conscience et sur lesquels il est possible d'agir. Stéréotypes de genre, préjugés liés à des secteurs d'activités, effet Pygmalion... on fait le point !

PassionProf Biais cognitifs

Mardi, 10h30, c’est séance de mathématiques à l’école primaire Jules Ferry. L’enseignante, Karine F., travaille sur une résolution de problèmes avec sa classe de CE2. Alors qu’elle est bien consciente qu’il est important de mettre en avant les filles dans les matières scientifiques, Karine est un peu découragée : seuls les garçons semblent s’intéresser aux mathématiques !

Ce problème en classe reflète un constat sans appel. Selon une enquête menée cette année par l’école informatique Epitech et Ipsos, « 37% des lycéennes envisagent de s’orienter vers une école informatique ou une école d’ingénieur, contre 66% de garçons, alors même qu’elles sont 56% à s’intéresser aux secteurs du numérique et de l’informatique. »

37 % Des lycéennes

Envisagent de s’orienter vers une école informatique ou une école d’ingénieur

Contre 66% de garçons, alors même qu’elles sont 56% à s’intéresser aux secteurs du numérique et de l’informatique.

Depuis l’école primaire jusqu’à l’orientation au lycée, ce sujet revient constamment :

Il y a bien trop peu de candidates pour les carrières du numérique, de l’ingénierie, de la banque, de la finance... Mais comment se fait-il que, alors même que la plupart des enseignants ont conscience des enjeux de l’égalité filles-garçons, quelque chose bloque ? La réponse serait peut-être à trouver dans un phénomène cognitif inconscient : le biais cognitif.

Un biais cognitif est une forme de pensée illogique ou irrationnelle permettant de traiter les informations de manière plus rapide. Ce qui peut paraître évident à tête reposée ou devant son ordinateur l’est souvent beaucoup moins « dans le feu de l’action ». C'est ainsi que nous laissons des automatismes de comportement prendre le pas sur la réflexion alors que, si nous étions en mesure d'évaluer rationnellement nos actions au moment même où nous les réalisons, nous réprouverions ces mêmes comportements. 

 

Portrait d'Albert Moukheiber

Les biais n’ont rien à voir avec l’intelligence ou le niveau de culture ! Nous y sommes tous sensibles !

Albert Moukheiber

Chercheur en neuroscience et psychologue clinicien

Lorsqu’on a face à soi 20, 25, 30 élèves, il est difficile de se concentrer sur chacun et de faire attention à tout le monde. 

Cependant, en tant qu’enseignant, on doit constamment prendre des décisions rapides : à qui donner la parole, demander de ranger une calculatrice qui n’a pas sa place à un moment de la séance, choisir le moment où une étape est finie pour passer à la suivante, etc. Autant d’occasions pour ce phénomène inconscient de se mettre au premier plan !

Alors, suffit-il de savoir que notre pensée est biaisée pour résoudre magiquement les problèmes d’orientation et les stéréotypes sur les carrières « traditionnellement » masculines ? Pas si sûr… Car ces biais ne sont pas si faciles à détecter. Pire, nous sommes souvent incapables de percevoir nos propres biais alors qu’on les identifie aisément chez les autres. C’est ce qu’on appelle d’ailleurs le biais de « Blind spot » ou « Biais de la tâche aveugle ».

Des expériences de psychologie sociale ont ainsi montré que les gens en général remarquent l’existence et l’influence des biais cognitifs et émotionnels bien mieux chez les autres que chez eux. Le terme « Blind Spot » a été choisi pour qualifier ce phénomène en référence à un biais visuel dans l’œil humain. Il existe en effet tout un champ visuel que l’on ne voit pas, et qui est compensé par l’action du cerveau. 

Tous les humains partagent des biais cognitifs, car ils sont la conséquence directe du fonctionnement du cerveau. Soyons clairs : l’objectif n’est pas de les faire disparaître – ce serait aussi présomptueux que de vouloir se débarrasser de son inconscient ! – mais d’agir en ayant à l’esprit qu’ils existent. En effet, conceptualiser ce qui se passe, et avoir des mots pour le faire, c’est déjà à moitié le dépasser !

Afin de vous aider à identifier plus facilement certains raccourcis mentaux, voici trois biais cognitifs qui peuvent avoir des conséquences sur l’orientation des élèves :

Effet de Halo

L’effet de halo, effet de notoriété ou encore effet de contamination, est un biais cognitif qui affecte la perception des gens, lorsque la première impression influence la perception ultérieure d'informations. Ainsi, il y a effet de halo lorsqu'une caractéristique jugée positive à propos d'une personne a tendance à rendre plus positives les autres caractéristiques de cette personne, même sans les connaître (et inversement pour une caractéristique négative).

Dans le contexte scolaire, l’effet de halo peut s'observer lorsque l’appréciation d'un élève est influencée par des caractéristiques autres que ses résultats au sens strict (comme sa façon de s’habiller, de parler, de bouger, etc.).

Catégorisation sociale, stéréotypes et préjugés

La catégorisation sociale est un phénomène humain qui fait que nous avons tendance à spontanément regrouper, sous une même catégorie, les éléments que l'on estime se ressembler entre eux.

La formation des stéréotypes découle naturellement de ce processus. Ce sont des croyances partagées à propos des traits de personnalité ou des comportements d’un groupe. Les stéréotypes sont donc simplement des informations, des étiquettes, que l'on associe à un groupe de personnes. C'est lorsque ces étiquettes sont associées à un positionnement négatif que l'on parle de préjugé.

Effet Pygmalion

L’effet Pygmalion est une prophétie auto-réalisatrice. C’est une croyance ou une attente d’un enseignant à l’égard d’un élève qui modifie l’attitude du premier à l’égard du second. Finalement, l’élève aura tendance à se conformer à la croyance de l’enseignant.

Pour aller plus loin

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